« La vie n'est pas un sport qu'on se contente de regarder. Gagner, perdre, ou faire match nul, la partie est en cours, qu'on le veuille ou non. Alors allez y, discutez avec l'arbitre, changez les règles, trichez un peu. Faites une pause et soignez vos plaies. Mais jouez. Jouez ! Jouez le jeu. Jouez vite. Jouez librement. Jouez comme s'il n'y avait pas de lendemain. D'accord, l'important n'est pas de gagner ou de perdre, l'important c'est la manière de jouer. Vous ne croyez pas ? »
Je n'avais jamais vu un tel merdier... Vous savez ce sentiment horrible qui tend à vous détruire quand votre père, ce super héros, décède subitement d'une crise cardiaque ? Et bien, ce truc je l'avais ressentie. Deux fois... L'enterrement avait été l'évènement le plus triste de ma vie. Mon père m'avait mené à beaucoup de chose c'était en quelque sorte grâce à lui que je m'étais aussi bien entendu avec Jordan au tout début. Oui, l'enterrement avait été horrible, mais vous savez ce qu'il y a de pire ? Le moment où vous découvrez qu'en vérité votre père, celui que vous aviez toujours idolâtré, n'avait pas toujours été blanc comme neige. Des choses assez louches se tramaient depuis pas mal de temps dans cette entreprise qu'il partageait avec le père de Jordan. Je faisais maintenant partit de cette entreprise et malheureusement des choses pas nettes qui s'y passait. Le père de Jordan m'avait fait promettre de ne rien dire à sa fille, de toute façon, je n'y tenais pas particulièrement. Il fallait la protéger, la laisser à l'écart de tous les problèmes qu'on avait. Les choses, au lieu de s'améliorer finirent par nous rendre plus que vulnérables... C'est comme ça que nous sommes entrés dans le merdier dont je vous parlais. Le FBI s'en mêlait maintenant... Quand le premier agent avait sortit sa plaque, j'étais sûr que les choses ne pouvaient aller plus mal... Nous étions finis... Ils nous parlaient depuis plus d'une heure. J'avais pris la place de mon père, c'était lui, avec le père de Jordan qui avait fait tout capoter, et c'était moi qui en pâtissait... Simuler ma mort ? C'était ce qu'ils proposaient ? En même temps... Nous n'avions plus vraiment le choix. La seule chance pour que tout le monde s'en sorte : ma disparition. Ils avaient déjà tout prévu... La frustration, c'était sans doute ce que je ressentais en ce moment. Ils avaient tout planifié... Comment j'allais mourir, où, quand... Tout était prévu. Il ne leur manquait plus que mon accord. Avais-je vraiment le choix ? Je devais protéger tout le monde, et Jordan avant tout. Un beau gâchis ! Voilà ce que c'était, Jordan et moi... On avait vécu tellement de choses ensemble. La perdre... Ça faisait mal de penser que je ne la reverrais sans doute jamais... Je les regardais, tous ces hommes en costumes, parlé de moi... Un moi sans doute bientôt mort... N'y avait-il pas d'autres solutions ? Non apparemment pas... Qui proposer la mort à un homme ? Même si ce n'était qu'une simulation, je devais quitter ma vie. L'amour... Tout... Je devais TOUT quitter. Pour une erreur que je n'avais même pas commise. J'étais dans un coin, les bras croisés, observant tout ces gens parler de ma mort comme si c'était la chose la plus normale... Devais-je vraiment faire ça ? Sans doute que oui... Allais-je en souffrir ? Surement aussi. Et Jordan ? Elle souffrirait aussi, pour un temps... Puis elle m'oublierait comme tout le monde. Et mon enterrement, ma famille, enfin ce qu'il en restait, mes amis, Jordan. Tous regarderaient mon cercueil vide... Pensant au corps sans vie qui ne s'y trouvait même pas... Aurais-je vraiment la force de faire un truc pareil ? Sans doute car c'est en pensant à la protection que j'offrirais à Jordan que j'annonçais. « D'accord. » Ils n'attendaient pas vraiment mon accord. C'était surtout le père de Jordan. Il paraissait soulagé en me lançant un regard tu-fais-le-bon-choix-mon-grand. Je détestais avoir à faire ça... Mais combien de temps pourrions-nous tenir réellement comme ça ? Pas longtemps et cela finirait surement par péter un bout d'un moment...

« Le problème avec la dépendance, c'est que ça ne finit jamais bien. Parce qu'il arrive un moment, où ce qui nous mettait en état d'euphorie, cesse de nous faire du bien, et commence à nous faire mal. Il paraît qu'on ne peut pas s'en sortir avant d'avoir touché le fond, mais comment on sait qu'on a touché le fond ? Parce que quand on est accro, même si ça fait mal, parfois ça fait encore plus mal de décrocher. »
Le problème avec les adieux... C'est qu'il y a toujours quelqu'un pour verser une larme. Mais qui aurait pu verser cette larme dans mon cas ? Surement pas moi. Et Jordan ? Elle ne savait même pas qu'il s'agissait d'adieux... Je ne pouvais pleurer, même si je savais pertinemment que c'était la dernière fois que je la verrais. C'était un matin normal... Un matin comme les autres pour certain. Pour moi... C'était le jour de ma mort. Je devais disparaitre pour protéger d'autres personnes... Était-ce réellement cher payé ? Sans doute beaucoup trop pour moi. Mais pour tous les autres ? Ma misérable vie ne valait sans doute plus le coup d'être vécu. Les gens parleraient de ce gamin, mort bêtement à l'aube de sa vie... Puis, on m'oublierait très vite. Tout comme Jordan d'ailleurs. J'avais confiance en elle, elle arriverait à m'oublier et à refaire sa vie. On avait mit tant de temps à se mettre ensemble... Cette histoire gâchait tout. J'avais fait ma valise en quatrième vitesse. "Officiellement" je partais en voyage en Italie pour les affaires. C'était vrai que grâce à mes origines il était plus facile de m'envoyer pour la maitrise de la langue. Mentir... Ça avait été tellement facile, s'en était pratiquement écœurant. Elle m'avait cru comme jamais. Si seulement elle savait... Elle n'aurait sans doute pas pris ce foutu au revoir à la légère. Je descendais les marches jusqu'à la rue... Voilà, c'était fini, je ne la reverrais sans doute jamais plus... J'essayais de ne pas y penser. Je changerais d'avis à coup sûr... La valise à la main, je repensais à ce que j'aimais chez elle.

« La plupart de nos vieilles blessures guérissent, ne laissant qu'une cicatrice. Mais certaines ne cicatrisent pas. Certaines blessures restent en nous, et bien qu'elles soient refermées depuis longtemps, La douleur persiste. »
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