" La douleur morale est plus cuisante que la douleur physique ; l'ennui, la séparation, sont des maux capables de causer les pires ravages, même chez les personnes les plus plus fortes."

Le soleil ornait le ciel, laissant un halo de lumière transpercer le loft de Keilah. Il devait être aux alentours de 17 heures et elle ne souhaitait pas rester cinq minutes de plus dans cet endroit insoutenable. Elle prit donc soin de se changer, et de mettre une petite robe colorée fine, et en dentelle. Elle agrippa un livre, laissant son sac et son téléphone, de toutes façons, personne n'essaierait de la joindre.

Elle marcha d'abord dans les ruelles, cherchant un coin à l'ombre, mais, bien trop désespérée par les touristes qui se faisaient de plus en plus nombreux, elle chercha un coin bien plus calme. Elle chemina sur les chemins, sortant de la ville, et se rapprochant à pas de loups de la forêt. Elle voulait s'y aventurer. Pourtant elle n'était pas du tout du genre à chercher le risque, et encore moins dans ces conditions, mais, c'était encore bien la seule chose qui pouvait feindre à pimenter sa vie.

Elle fonça tête baissée dans les ronces et les orties, essayant néanmoins d'en éviter le maximum, et, après une bonne quinzaine de minutes, elle arriva près d'un grand arbre, qui ornait une clairière, légèrement ensoleillée, mais laissant place à l'ombre fraîche. Elle ne pu s'empêcher de sourire, le rire d'une gamine, une simple enfant découvrant l'endroit le plus magique de toute sa vie. La jeune blonde n'avait jamais entendu parler de cet endroit, et elle était ravie d'y être tombé par hasard, quoi de mieux, qu'un halo de calme.

Elle retroussa légèrement sa robe, avant de s'asseoir sur l'une des robustes branches du chêne. Néanmoins, éclatant avec force son dos sur l'écorce, elle s'ouvrit à vif l’omoplate, laissant un filet de sang s'écouler le long de son dos. Elle tenta tant bien que mal d'arrêter l’hémorragie, cherchant un mouchoir ... de toutes évidences, seules les feuilles de l'arbre auraient été en mesure de l'aider. Ne trouvant aucunes solutions, elle passa outre et commença à scruter le paysage.

Il était d'une beauté époustouflante, l'arbre jonchait une clairière, où l'eau semblait contenir les plus beaux trésors, elle était claire, tellement qu'on aurait pu y boire dedans. Les arbres ornaient cet halo, tellement, qu'il était presque impossible d'y distinguer le bleu du ciel. Des papillons de toutes les couleurs volaient de droite à gauche, prenant soin de danser une valse avec leurs ailes. Oui, cet endroit était divin , et ce qui faisait tout son charme était surement le calme et le bien qu'il procurait. Pourtant, il était rare qu'elle regarde ce genre de choses, et encore plus avec une telle estime. Elle déposa son livre sur l'herbe fraîche qui devait se tenir moins d'un mètre sous elle, et, commença à faire le point sur sa vie.

Elle était de toutes évidences, malheureuse. Certes elle avait un copain, mais il ne lui convenait pas, elle ne l'aimerait jamais comme lui pouvait le faire, et cette simple idée la faisait paraître pour un monstre à ses propres yeux, et lui donnait envie de vomir. De plus quelle idée de redevenir ici pour Dwight, elle ne le croisait que très rarement, et il semblait bien heureux. Elle détruisait peu à peu sa vie en se refusant d'être heureuse, d'un bonheur intense. Elle voulait aimer son compagnon, l'aimer comme jamais personne n'aurait pu l'aimer, il le méritait tellement. Mais à travers ces envies, jamais elle n'avait pu se convaincre de ressentir se genre de choses pour lui.

Elle fut couper de ses pensées en entendant au loin un craquement d'arbre, elle qui était de nature inoffensive et peureuse, le rythme de son coeur commença à se saccader légèrement. Prenant son courage à deux mains, elle tenta de ravaler ses craintes et sortit avec naturel :

« - Il y a quelqu'un ? »

De toutes évidences la question était stupide, puisque quelqu'un avait forcement produit ce bruit, mais elle avait encore espoir qu'il s'agisse d'un simple animal, qui avait perdu son chemin .

ban (c) lighted fireflies

« I need an easy friend
I do... with an ear to lend
I do... think you fit this shoe
I do... won't you have a clue »


Kurt chantait à tue-tête dans mon casque. Si fort que j’entendais à peine les voitures passer près de moi. Comme tous les soirs après les cours, je faisais mon footing. La course avait toujours eu le don de me relaxer. Elle me permettait notamment d’évacuer ma mauvaise humeur mais aussi de réfléchir, ce dont j’avais bien besoin aujourd’hui.

La journée que je venais de passer avait été plus qu’harassante. Les profs n’hésitaient pas à nous en faire voir de toutes les couleurs ces derniers temps, à l’approche du grand évènement qui s’annonçait. Notre promotion avait en effet été choisie pour préparer un gigantesque buffet dans l’un des plus grands restaurants de la ville. Autant dire qu’il fallait mettre les bouchées doubles, tout le monde était à cran.
D’un autre coté mon père avait soudainement décidé de refaire surface à mon plus grand dam ! Surement avait-il quelque chose à me demander. Et moi qui pensait qu’en quittant Londres j’en serais débarrassé.
Sawyer quant à elle, avait décidé de m’en faire baver. Elle me croyait responsable de la venue de Keilah à Athens. Ne savait-elle pourtant pas que je n’avais plus aucune envie de la voir ? Plusieurs fois depuis l’arrivée de mon ex petite amie je l’avais croisée à la fac. Je me crispais alors si fort qu’il m’était impossible de paraître naturel. Je prenais donc soin de l’éviter au maximum et lorsque je la voyais de ne lui prêtais aucune attention.
Pas de doute s’était une mauvaise période à se demander si déménager valait vraiment le coup. Car s’était indéniable, Londres me manquait. J’avais toujours été amoureux de ma ville natale et même si Athens était très bien, elle ne lui arrivait pas à la cheville. Cet été certainement je partirais en vacances en Angleterre avec mon amie de toujours. Mais pour l’instant il n’était pas l’heure de rêvasser.

Ma course m’amena dans des sentiers sinueux que je ne connaissais pas encore. Avide de découvrir ce qui se cachait au bout du chemin je continuais à m’aventurer dans les bois tout en ralentissant. Alors que je semblais m’approcher d’une petite clairière lumineuse, j’entendis comme une voix aigüe m’interpeller. Surement avais-je fais peur à quelqu’un, je répondis tout en avançant:

« - N’ayez crainte, je suis seulement venu explorer le coin. Excusez-moi si je vous … »

J’interrompis net ma phrase lorsque j’aperçus Keilah adossée à un arbre. Mon petit sourire amusé s’effaça également et je marmonnais un vague :

« - Salut . »

J’aurais voulu me trouver n’importe où sauf ici.

Non elle n'avait pas peur, du moins elle essayait de le montrer. Ce n'était pas son genre de crier comme une fillette et de partir en courant; à croire que le danger l'attirait. Après tout, il ne lui restait plus que ça pour pimenter sa vie monotone. Elle s'auto dégoûta de se dire ça, elle avait de l'air dans ses poumons, que lui fallait-il de plus ? Mais la vie était faites de souffrances, que chacun gérait plus ou moins bien, ce n'était évidemment pas son cas. Elle pris une grande respiration, quand elle entendu une voix, tout près d'elle, trop près d'elle. Elle fut quelque peu rassurée lorsqu'elle ouïs un homme s'excuser de la déranger, au moins il était poli. Elle le fut moins lorsqu'elle cru entendre les intonations de la voix de ... Dwight ! Il apparut là, devant ses yeux, dans une tenue de sport, le souffle court et quelque peu transpirant. Il ne semblait vraiment pas ravie de la voir, et elle ne l'était guerre non plus. Son coeur se resserra et elle tourna la tête, elle ne voulait surtout pas le regarder en face, ce regard blanc, transperçant. Elle ne voulait pas qu'il crois qu'elle l'aime encore, après tout ce qu'elle avait vécut, ce n'était pas comme ça que cela devait se passer, il n'avait qu'à simplement retourner faire joujoux avec sa copine. Néanmoins, ce n'était pas en détournant la tête qu'elle jouerait la carte de l'indifférence. Elle tourna donc son regard, un regard noir - surement aussi provocateur qu'elle n'en avait jamais fait, si elle s'était vue dans un miroir, elle ne se serait jamais reconnue. Elle afficha un sourire narquois en coin, avant de lancer : « - Oh, Salut ! » Elle souri de plus belle. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais il n'était pas censé le savoir après toutes ces années, il ne pouvait prétendre que mal la connaître.

Elle descendit de sa branche d'arbre, sur laquelle elle commençait à se sentir légèrement mal à l'aise, elle ré-ajusta un peu sa robe; avant de rejoindre la clairière et donc de faire dos à l'homme. Elle n'allait pas s'occuper de lui, soit il se rafraîchissait, il lui parlait, ou il se barrait, mais il n'était pas question qu'il reste posé ici deux heures. « - T'en as pas marre de rester planter là ? » Elle avait été franche et froide, s'il voulait se foutre de sa gueule qu'il le fasse, après tout, il n'était plus à ça près pour la faire souffrir encore plus.

Elle s'assis alors sur le rebord du plan de l'eau, enlevant avec grâce ses chaussures et mettant ses pieds dans l'eau si claire. Elle pouvait voire chaque reflets du soleil feindre à refléter son image dans la substance transparente. Cela faisait vraiment longtemps qu'elle avait aspirait à se sentir aussi bien dans un endroit, et le voilà, chaque recoins était un halo de beauté, et toutes l'agressivité et la souffrance qu'elle avait accumulé s'envolait quand elle était ici, néanmoins, le destin auquel elle croyait si bien avait vraiment mal fait les chose, puisque la personne la moins désirée hantait encore sa bonne humeur, de toutes façons c'était toujours pareille, dès qu'elle aspirait à aller mieux, il réapparaissait pour mieux la détruire, mais cette fois-ci, il ne gagnerait pas.